Régénération urbaine : vers des villes polycentriques, durables et équitables

· 18 octobre 2024

Avec près de 75 % de la population européenne vivant dans des zones urbanisées et l'épuisement des terrains disponibles pour le logement dans les grandes villes, nous assistons à une augmentation des inégalités territoriales, de la gentrification et de la saturation des infrastructures, entraînant une détérioration conséquente de la qualité de vie des citoyens.

Ce grave problème exige une restructuration du modèle urbain actuel vers un système polycentrique à l'échelle supramétropolitaine, fondé sur des corridors urbains ultra-connectés grâce à un transport public rapide et efficace. Cependant, cette transformation à long terme doit être complétée par des stratégies visant à préserver les zones non urbanisées. Une des solutions consiste à réintroduire une zonification mixte et flexible dans des zones déjà consolidées. Cette mixité d'usages était une caractéristique essentielle des villes dans le passé, mais elle a été perdue avec l'avènement de la zonification promue par le mouvement moderne. Retrouver l’essence mixte du tissu urbain consolidé ne signifie pas déréguler l'usage des sols, mais redéfinir ses règles avec un objectif clair : des villes plus durables et équitables garantissant la qualité de vie et le bien-être de leurs habitants.

Un exemple serait de transformer de grandes parcelles de sols tertiaires déjà construits, mais peu efficaces, situées dans des zones plus ou moins centrales et bien connectées, afin de les densifier avec des usages mixtes. La réintroduction de logements dans des emplacements privilégiés contribuerait à atténuer la pénurie de terrains et ses effets dans les zones où il est difficile d’intervenir. Bien entendu, cette densification nécessite un recalibrage des espaces verts et des services publics. Toutefois, avec une réglementation détaillée (incluant des pourcentages de logements sociaux, des loyers abordables, des logements pour personnes âgées et la cession d’espaces pour des zones vertes et des équipements), il serait possible de restaurer la diversité sociale dans certaines zones, d’augmenter l’accès au logement, de développer le parc locatif et d’améliorer la qualité des zones sous-utilisées et déconnectées du tissu urbain, sans perdre les usages tertiaires mais en les repensant avec une perspective contemporaine.

Chez L35, nous avons développé plusieurs projets intégrant ces stratégies à Montigny-lès-Cormeilles et Paridis, tous deux en France, un pays qui montre la voie avec des systèmes de planification flexibles et fondés sur une collaboration public-privé. En Espagne, l’opportunité est encore à saisir pour marquer un tournant dans l’avenir urbain.

 

Cristina Anglès Farré